LINGUI – LES LIENS SACRÉS de Mahamat-Saleh Haroun

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LINGUI

Un film de
Mahamat-Saleh Haroun
Avec Achouackh Abakar Souleymane, Rihane Khalil Alio
Pays Tchad 2021
Durée 1h27
Âge légal/suggéré 16/16
Genre Drame
Langue V.O. sous-titres français
Amina, mère célibataire rejetée par sa famille, vit avec Maria, sa fille adolescente. Femme pieuse, elle est choquée lorsqu’elle apprend que sa fille est enceinte. Cependant, elle soutiendra cette dernière lorsque Maria veut avorter. Présenté en compétition à Cannes, Lingui a remporté l’adhésion unanime de la critique, autant par sa forme que par son sujet.

Amina vit pauvrement en fabriquant des petits fourneaux à partir des fils de fer qui forment l’armature des vieux pneus de camions. Sa fille Maria est lycéenne et ne connaît pas son père qui a abandonné sa mère après l’avoir mise enceinte. Le même drame est sur le point d’arriver: enceinte à son tour, Maria est renvoyée du lycée comme Amina fut chassée par sa famille. Elle veut avorter. Amina, d’abord choquée, décide de la soutenir. Ce sera un véritable chemin de croix pour elles, dans un pays où la loi punit sévèrement l’interruption de grossesse et où la religion exerce un pouvoir moral contraignant. Et l’avortement clandestin coûte très cher si on veut qu’il soit pratiqué dans de bonnes conditions.

Mahamat-Saleh Haroun aborde un thème universel et qui est, malheureusement, toujours d’actualité, et pas seulement en Afrique – rien qu’en Europe, des lois restrictives existent encore ou sont même sur le point d’être, ou ont été, votées par des parlements rétrogrades. Cependant le cinéaste tchadien s’empare du sujet pour le traiter à sa manière faite d’une observation précise de l’environnement, la banlieue de N’Djaména, ses ruelles, ses artères et ses personnages. La première séquence est emblématique de ce point de vue, où la caméra suit le labeur pénible d’Amina construisant ses fourneaux, puis essayant de les vendre pour quelques milliers de francs CFA. Il y a aussi de la poésie dans ces images – celle qu’on trouvait déjà dans le néoréalisme italien auquel le film fait penser autant par son sujet que par la façon de l’appréhender. Cependant, on est surtout touché par la solidarité que montrent les femmes – ce «lien sacré» que signifie «Lingui» – au cours du récit où Amina et Maria découvrent qu’elles ne sont pas tant isolées qu’elles le croyaient et que ce sont elles qui font l’histoire. Ousmane Sembène approuverait.